à la base, je ne suis pas intéressé par le sujet, mais chemin faisant, à force d'y réfléchir, je me rends compte que ça pose problème, en théorie et en pratique. Pour autant, je n'ai pas réussi à poser une thèse claire et forte que j'aurais voulu soutenir. Il y avait bien des angles d'attaque, comme la famille, le travail, le couple, la sexualité. Mais je ne voulais pas m'y résumer.
Alors l'exposé se déroule en trois parties : d'abord travailler avec le site de l'université de tous les savoirs, où le thème est traité de manière sociologique et historique, en m'appuyant surtout sur une juriste, Marcela Iacub. Ensuite je suis Olivier Rey, avec Une folle solitude. La troisième partie, c'est Jean Baudrillard, avec La société de consommation. Pour ces deux auteurs, je pars de leurs concepts, de leur réseau d'argumentation pour arriver au sujet, sans le traiter spécifiquement, mais cela donne des armes théoriques pour l'aborder de manière non naïve. Charge au débat, ensuite, de faire son œuvre.
Pour ceux qui étaient là, certaines choses disparaissent, car je les ai dites à l'oral, d'autres apparaissent, car je les ai zappées pour la concision.
Il y avait quelques apéritifs avant le début sérieux du travail.
les cadres interprétatifs jouent évidemment sur le sujet que l'on analyse. En l'occurrence, il est bon de rappeler que le 19° siècle pensait, c'est dans la conférence de l'homme et de la femme préhistoriques, sur utls. Alors qu'on a pensé, vers le milieu de 20° siècle, que les statuettes à culs énormes de femmes, ou pénis gigantesques étaient l'équivalent des femmes de playboy, le porno de l'âge de pierre. Il semblerait qu'il soit plus question de statuettes dévolues à l'initiation des femmes.
Puisque les parents et les amants ont besoin de magazines pour savoir comment faire, on peut en tirer les conséquences suivantes : il y a un manque de transmission d'une génération à l'autre, ou alors, l'univers social change trop pour que s'y applique encore les mêmes techniques à quelques années d'écarts, ou alors, le goût pour la « science » et les pratiques réflexives, le fait d'analyser son univers font tellement partie des valeurs que l'on a recours à des magazines, qui mobilisent souvent des experts, plutôt qu'à ses amis, parents, à des gens qui ne parleront que d'expérience vécue.
Et enfin, puisque l'on peut isoler au moins trois champs dans l'histoire du couple, à savoir le mariage, le sentiment, la sexualité, c'est qu'ils ne fonctionnent pas nécessairement de manière indissoluble. Le lien sentiment, intimité partagée, et sexualité, ne serait arrivé à maturité que de nos jours, grâce à la démocratie individualiste.
Iacub : les illusions de la famille
aujourd'hui, la sexualité et la reproduction sont découplées. Elles ne fonctionnent plus nécessairement de concert. Et toutes les deux, dans le mouvement de la modernité, sont placées sous l'égide du consentement. On ne peut pas juger de manière critique des relations sexuelles entre deux adultes consentants. C'est du moins l'idéologie. Dans la pratique, les choses sont moins simples, effectivement, si cela ne pose pas de problème de payer pour un service de massage, pour une action qui va aller des mains du masseur au dos du massé, « on » trouve cela choquant de payer pour un massage sexuel, qui va du vagin du masseur, en l'occurrence une masseuse, au pénis du massé, en l'occurrence un porc. La sexualité n'est donc pas exactement analysée par le biais du consentement, mais par des schèmes moraux qui travaillent encore, bien qu'on les prétendent obsolètes.
Il se passe la même chose pour ce qui est de la reproduction. On dit : « tant que les gens veulent, qu'ils procréent ou qu'ils avortent, tout est bien, ce qui compte, c'est l'accord au sein du couple. » Eh bien, c'est aller un peu vite en besogne. Si l'on admet qu'un enfant est voulu à l'aune de la possibilité que l'on aurait eu d'avorter, ou de refuser la parentalité en accouchant sous X, alors les hommes et les femmes sont très inégaux. L'accouchement sous X permet au femme de ne pas avoir à subir une quelconque recherche en maternité, l'enfant n'aura aucun recours légal pour savoir qui est sa mère dans ce cas précis. Alors que cette disposition n'existe pas pour le père. Dans ce cas là, le père est moins libre d'assumer sa paternité, puisqu'il n'est pas libre de la refuser. Il ne peut ici exercer de consentement au sens plein. Le fait de prétendre leur donner ce droit n'est pas nécessairement un progrès dans l'ordre de la décadence familiale et de la fuite paternelle, dans la mesure où c'est l'argument qu'on opposait à la pilule et à l'avortement, on disait que les femmes allaient se conduire comme des salopes. Ce n'est pas forcément le cas. Mais cela donne une liberté supplémentaire à l'adulte de maîtriser le domaine de la reproduction.
D'un autre côté, il ne faut pas croire que l'on laisse les femmes se désengager de la relation maternelle. Que l'on prenne l'exemple de l'âge limite toléré de la procréation. Il n'y en a tout simplement pas pour les hommes. Alors que l'on pousse des hauts cris si l'on entend qu'une femme veut lutter contre la ménopause et devenir mère à 60 ans. Cela signifie que l'on pense que l'homme peut mourir avec des enfants en bas âge et pas la femme, donc que l'on pense, à toute force, que la femme est celle qui doit s'occuper des enfants.
Ici, en guise de bilan, sous couvert de morale du consentement, des valeurs morales travaillent encore la société, et empêchent la mise en place de ce libéralisme réel des mœurs sexuelles et reproductives.
Rey : une folle solitude
Ici changement de méthode, l'auteur n'a pas pour propos la question du rapport homme/femme, je le suis du début de son livre jusqu'au moment où il aborde la question de la logique du rapport générationnel, ce qui nous laisse encore assez loin du centre du sujet, car tel est mon bon plaisir. Olivier Rey, chercheur au CNRS, analyse les mécanismes de la modernité, depuis une question simple : le changement d'orientation des poussettes. Elles regardaient en arrière, vers le parent, elles regardent, depuis les années 70, vers l'avant, et le vaste monde. L'auteur se demande si ce phénomène qui dépend des valeurs actuelles, amène un progrès dans la civilisation, un progrès pour les individus. En effet, alors que le petit a longtemps été porté, collé à la mère, le contact a été rompu avec la poussette, mais subsistait le lien du regard. Aujourd'hui, c'est ce lien qui est tranché. Ce changement d'orientation, dépend, selon notre auteur, de deux arguments, l'un scientifique, car il faudrait maximaliser les contacts que le petit humain peut avoir de manière autonome avec l'extérieur pour grandir, l'autre démocratique, car on place la liberté individuelle comme idéal, et elle ne doit pas être entravée par des attachements trop forts avec la mère.
Rey postule que ce changement, et les conséquences que l'on peut voir sur le monde contemporain, n'incitent pas à la satisfaction. La civilisation n'est pas plus heureuse, plus belle, plus forte, lus solide, plus sereine, etc. Pourtant, notre monde se prétend vraiment sorti de la barbarie, en atteste des phrases telles que « dans ce monde, c'est un scandale... », « au 20° siècle, comment ce crime est-il encore possible ? » Il faut bien regarder ce qu'est une civilisation, quel est le processus de son établissement ou de sa perpétuation. Puisque la violence mimétique, (oeil pour oeil...) menace toujours la communauté des hommes, il faut un mécanisme pour l'endiguer, la repousser, la représenter de manière à la désamorcer. Ceci sera fait grâce au rite sacrificiel. On passera des rites mettant en jeu des humains, à des sacrifices animaux, à des sacrifices symboliques. Aujourd'hui, puisque les victimes sont sacralisées, la société doit trouver une autre solution pour assurer sa cohésion, pour endiguer la violence toujours existante. Ce sera le travail du prolétariat, assommé, la police et la justice, mais cela fonctionne après coup, les loisirs de la société de consommation, mais leur vide de sens ne peut empêcher des explosions soudaines. Ce manque de solution n'exclut pas le retour soudain a des âges barbares, comme on le voit dans sa majesté des mouches, les enfants qui reproduisent une société passent tout droit par la case rite sacrificiel, solidification de la communauté par la désignation d'un élément étranger, vicié en son sein, et par son éviction violente. Il s'agit ici d'enfant, donc pas d'angélisme, contrairement à la mouvance moderne libérale, ou le laisser-faire a valeur de d'expression authentique de l'individualité épanouie. Conclusion : la civilisation, même aujourd'hui, est à la merci, comme à chaque fois, du déchaînement de la violence, c'est à prendre en compte. Se libérer des interdits et des mécanismes sociaux primaires qui sont le ciment de la société ne peut que mener à se jeter dans une tyrannie, ou une violence que l'on prétendait éviter.
Pour en arriver à la question de l'individu proprement dit : l'homme nait prématuré, il est en fusion nécessaire, en dépendance. Il faudra donc un sevrage pour l'éloigner de sa mère. Et pour ceci, une construction symbolique est nécessaire. Un symbole, dans le cadre présent : deux morceaux de poterie que cassaient les grecs, et qui devaient de nouveau être joints par les contractants ou leurs héritiers pour prouver leur statut bien que le temps ait pu passer. L'enfant doit être construit au moyen d'une structure symbolique de ce type. Notamment par l'octroi d'un nom, qui tout à la fois l'identifie, et le renvoi à sa famille, nucléaire, et par-delà celle-ci, à ses ascendants et à la communauté qui le reconnaît comme tel. L'individu pour être pleinement, a besoin d'être arraché à son présent brut, inséré dans le tissu de la communauté, symboliquement. S'il existe deux interdits majeurs, mais qui varient dans leur application, c'est l'inceste et le parricide. Ils sont interdits car ils peuvent exister. Ils sont interdits non pour contraindre, mais pour constituer l'individu. Si l'on pense avec les termes du principe de raison, qui dit que rien n'existe sans cause. Alors l'enfant est causé par ses parents. Et à ce titre, l'inceste est un anéantissement entre l'effet et sa cause, le parricide est un anéantissement de la cause par son effet. Dans les deux cas, on a à faire à un crime contre la logique. Ces deux interdits constitutifs sont importants dans la mesure où sans eux, la fonctionnalité de la vie en société paraît bien difficile, et de plus pour les effets psychologiques que cela implique. Il y a en tout cas un lien entre la raison et la généalogie, une solidarité, la manière de s'insérer dans la suite des causes va déterminer le rapport au monde et le régime de causalité. On peut voir que les sociétés anciennes tolères mieux les attaques à la raison, mais très peu celles à la généalogie. C'est l'inverse dans les sociétés modernes.
Baudrillard : la société de consommation
Les objets nous environnent, ils sont partout, ils modèlent le monde, et nous pensons ce dernier et notre vie à l'aune de ces nouveaux tyrans, en terme de fonctionnalité. Ils ne sont plus seulement captés pour l'utilité qu'ils ont, mais aussi, voire bien plutôt pour le signe qu'ils donnent aux autres du statut que nous prétendons avoir. Les objets sont partout, on peut les acheter dans les centres commerciaux, construits de manière à ce que nous puissions y passer la journée, entre le supermarché, le cinéma, le restaurant, la librairie, on peut y trouver tous les bien et les services. Il y a quelque chose d'illusoire dans le processus de consommation, entre autres, et c'est que les objets sont perçus comme captés simplement, et en dehors du processus de leur production. C'est notamment pourquoi on peut parler de miracle de la consommation, il suffit de payer pour avoir l'objet. Il suffit d'avoir l'objet pour être heureux. À ce titre, notre pensée est aussi magique que celle des indiens voyant des avions atterrir aidés depuis la piste par des hommes posant divers feux et objets, et qui pensaient qu'ils suffisait de poser des objets pour que les avions arrivent. Ils furent bien déçus.
Je passe sur les nuisances de l'innovation technologique qui force à produire des nouvelles technologies ou de nouveaux services pour enrayer les dégâts causés. Je passe sur l'arnaque de P.I.B. et de la croissance qui inclut du négatif dans sa progression et qui à ce titre est tout à la fois profondément illogique et dépendante de la destruction pour son progrès. Je passe sur les besoins couplés à des satisfactions qui installent une téléologie rassurante, par une compréhension du bonheur mesurable en objets. Je passe sur les nouveaux droits, à la santé, à l'espace, au silence, qui ne sont que l'expression de leur impossibilité réelle, de leurs statuts de privilèges réservés à une élite. J'espère que ce genre de raisonnement vous est suffisamment connu.
Pour Baudrillard, le statut s'exprime par les signes disposés en panoplie, et il relève d'une logique de la différenciation qui est décuplée dans l'univers concurrentiel urbain, où peut se développer une véritable dictature de la mode. La consommation est alors vue comme un dressage social, qui répond à un impératif du code, dans le cadre d'une production monopolistique industrielle des différences. Je m'explique : la même entreprise va être en mesure de distribuer deux marques concurrentes de lessives, les différences sont donc produites industriellement, et pas par des créateurs philanthropes ou des gentils artisans, mais par des trusts internationaux. Les modèles auxquels répondent les consommateurs sont les codes de différenciation, et par là, ils entrent dans une attitude prévisible, que l'on peut orienter et maximaliser. Les consommateurs deviennent à ce titre des agents fonctionnels qui entretiennent la productivité forcenée, qui sans eux, deviendrait bien inutile. De la même manière qu'il a fallu rationaliser la force de travail pour produire les salariés que nous connaissons aujourd'hui, et qui pensent mener une activité naturelle, il a fallu rationaliser le statut du petit épargnant pour lui permettre d'enfiler les chaussettes du consommateur, brave consommateur !
Il y a une féminité fonctionnelle et une masculinité fonctionnelle. Ce sont deux modèles prescriptifs. Le modèle masculin est celui de l'exigence et du choix. Le modèle féminin est celui du plaisir et de la sollicitude narcissique. Les conduites réelles peuvent avoir une certaine mixité, on voit l'immobilité du système de valeurs à travers la publicité. Le modèle masculin est premier, le modèle féminin est second, la femme doit se plaire pour entrer dans le jeu de compétition de la concurrence masculine. Si l'homme est homme, il choisira sa femme, parmi d'autres objets/signes, si la femme est femme, elle sera choisie, prise pourrions-nous dire. Ceci, qui est vrai dans la publicité, est vrai dans la compatibilité économique, la femme au foyer n'est pas recensée comme force productive, elle n'y trouve pas de salaire, mais on dira qu'elle est entretenue. Il s'agit de modèles différentiels, qui ne recoupent que partiellement les sexes réels, mais qui tendent à leur imposer leur forme. On peut aussi compter avec l'émergence d'un troisième sexe. On assiste dans le système de consommation, à l'extension dans ce champ du modèle féminin. Consommer pour se faire plaisir, pour se différencier, pour être vu. Avec cette petite différence, c'est que l'activité de consommation fait les beaux jours de la compatibilité nationale, quand on ne compte rien de ce que fait la ménagère entre ses murs.
À ce travail, il n'y a pas de conclusion. Que le débat soit la chaude casserole où mijoterons nos hypothèses,
bien à vous,
jérôme dubos.
lundi 11 janvier 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire